Memories comes

Un gamin. C’était la forte impression qu’elle avait. Elle emmenait un gamin dans une galerie marchande, avec tout ce que ça impliquait en problème en tout genre. Elle l’avait vu toucher à l’air climatisé, jouer avec, activer et désactiver tour à tour le chauffage, les essuies glace. Rien ne l’avait cependant détournée elle de son calme et de la route. Même les essuies glaces. Les gamins, en général, ça touche à tous les boutons, sans se poser de question sur les conséquences. Le cinéma. Elle manqua de répondre en lui demandant s’il avait un dessin animé en vue. Cela ne lui échappa. Elle ne devait pas se moquer, ce n’était ni son genre, ni son rôle. Elle allait rarement au cinéma. Elle avait suivi Matthew, qui en bon sang mêlé aux habitudes plus moldue qu’autre chose avait l’habitude d’y aller de manière régulière. Elle, l’ambiance close, feutrée et noire de la salle la mettait vite mal à l’aise, angoissée. La remarque d’Andrew la fait tressaillir, elle en oublie de répondre pour l’instant, plus tard. Elle ne répond pas, attend calmement. Andrew a toujours beaucoup de chose à dire, il vaut mieux attendre. Elle esquisse un rire un peu moqueur lors qu’il lui whisky et lui fait signe de la suivre vers une baie vitrée de la galerie, lui désignant les collines aux alentours.

« Tu vois tout ça ? Ce sont des vignes. Qui dit vigne dit raisins. Qui dit raisins dit vin. Tu es sur l’une des terres les plus riches en matière de vin au monde, Niel. Si tu veux ramener du vin, on passera par la coopérative viticole en rentrant. Certaines bouteilles peuvent se vendre plusieurs centaines d’euros, voire plus. Mais j’imagine que tu préféreras une bouteille plus abordable. »

Elle reprend une marche à l’intérieur du couloir, glissant fantomatique, comme elle glissait sur le parquet de la grande demeure, s’arrêtant un instant devant une boutique de vêtement féminin, admirant un instant une robe sur un mannequin, une robe comme chaque robe qu’elle rêverait de porter mais qu’elle n’oserait jamais mettre. Parce que sans manche et dévoilant trop son corps, pour sa pudeur. Elle avait dévoilé son corps, pour lui, plus d’une fois. Lui, à qui Andrew allait devoir rendre sa mort à elle tangible. Lui, qu’elle allait blesser, consciemment mais surement moins que si elle avait continué à être avec lui. Sans manche aux couleurs chatoyantes, pimpantes, qui attire l’œil .Son esprit divague, un instant, ses joues rosissent. Un sentiment, une sensation enfouie qu’elle s’était promis d’oublier, parce qu’elle n’y aurait plus le droit. La seule chose qu’elle regrettait au monde d’Eleiakin Dreamtrue. Une simple pensée à une certaine robe, à une certaine pudeur et c’est Venise et ses masques qui ressortent dans sa mémoire, à cette semaine presque parfaite, si elle n’avait pas été elle.

Elle remarque l’égarement et avant qu’Andrew ait le temps de demander quoi que ce soit, elle lui sourit.

« Elle irait bien à Thèdes cette robe, tu ne penses pas ? Maintenant qu’elle a les cheveux courts, cela lui donnera un air de gravure de mode des années 60. »

Elle repart, cherchant du regard, son sourire quitte son visage, à la recherche d’une brasserie, endroit où ils trouveront un steak frite sans aucuns soucis. Elle avait envie d’une salade. Andrew s’inquiètera de la voir manger si peu mais tant pis. Elle désigne une brasserie un peu plus loin, à l’opposé de la boutique.

« Ici ? »