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.... On trouvera .
16 novembre 2015

Cuisine de l'Oubli

Source: Externe

Soupir de soulagement lorsqu’on lui ouvre les portes de la cuisine sans hésitation. Un lieu qui lui est familier, dans lequel elle peut se débrouiller sans faire de bêtises. Un lieu où elle peut cacher sa mauvaise gestion … ou plutôt sa non gestion de magie sous couvert de mieux cuisiner sans aide de sort, parce qu’il y a deux écoles. La timidité est oubliée et Elei s’empresse de nouer autour de sa taille, avec un soin tout particulier, un tablier-torchon pour se protéger. Elle retrousse ses manches, rejette les boucles d’oreilles en plume en arrière, à défaut de cheveux longs. Elle a observé, elle a écouté. Dans un silence. Elle a entendu Arabella lui parler d’anecdote, elle a hoché la tête en affirmation lorsque cette dernière lui a demandé si elle connaissait Alex. Sans donner plus d’information. Parce que la Sud-Africaine n’a  pas encore vraiment décidé ce qu’elle pouvait dire sur elle, maintenant, quand. Son passé a toujours été et est encore un sujet de fait assez sensible. Elle a préféré s’attarder sur les photos de familles, les photos d’enfants. C’est un univers qu’elle ne connait pas, on prend rarement de photographie chez les Dreamtrues, parce que d’abord, à part son père et elle, il n’y aurait que des vagues tombes au cimetière. Pas mieux avec les Van Schloek et l’hécatombe fraternelle de Saskia. Cinq frères, cinq morts. C’est ce qui a fait penser à Elei que ni Neeltje, ni Thijs n’ont pris trop à cœur son décès à elle. Un de plus, un de moins.  Egoïsme. Les photos encadrées et affichées sont l’apanage des morts. Celles des vivants sont mises en vrac dans des cahiers ou oubliées. Elei a laissé toute ses photographies dans sa malle, lorsqu’elle a fui. Elle n’a rien emporté. Ni de son ancienne vie première vie, ni de la seconde. Et puis les photos ne montrent pas toujours la vérité. Toutes les familles heureuses le sont de la même manière. Toutes les familles malheureuses le sont à leur manière. On ne montre pas les malheurs, on ne les affiche pas de manière ostentatoire. Il faut balayer les photos, chercher les craquelures de la peinture à l’huile. Sa famille à elle n’a rien d’un exemple, elle n’a pas le droit au jugement.

La voilà fin prête alors elle ouvre le four, s’accroupis et  tâte l’animal à l’aide d’une spatule. Pas d’objet piquant de peur d’abimer la peau et de lui faire perdre sa saveur. Son verdict est sans appel, tandis qu’elle attrape en tâtonnant une paire de manique pour sortir la volaille du four et enfourner la suite. Elle ajuste le four, éloigne la volaille pour la mettre au repos et répond  enfin.

« J’ai étudié les langues donc je m’efforce à ne pas avoir d’accent ou plus exactement à avoir un accent britannique. Je viens du Sud. »

Sud, sud de quoi ? Hémisphère, Etats Unis, Grande Bretagne, Irlande, Malte ou tout autre pays anglophones ? Plus loin. Evasive. Evasive, elle l’est encore, sur le lieu, le moment. Elle semble réfléchir.

« Ma mémoire est défaillante cependant … notre rencontre … Elle ne s’est pas bien passée en premier lieu. Il a dû vouloir faire le joli cœur, laissé trainer ses pattes là où il ne fallait pas et j’ai dû me défendre à coup de crêpière. »

Défaillante, le mot est faible mais ça, les McAllen, excepté Andrew, ne le savent pas encore. Amnésique sur ses trois premières années à Swyn et donc leur rencontre, serait plus juste. Elle a déjà oublié le lait de poule, seul la cuisine compte. La cuisine et...

« Andrew … ne m’a pas beaucoup parlé de vous … Du coup, je ne sais absolument dans quoi vous travaillez Edwina ni même quels études fait Arabella ? Quelque chose en rapport avec le Quiddich, tu m’as l’air de bien t’y connaitre ? »

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