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.... On trouvera .

8 avril 2017

Le dos au mur

Cheval

Impressionnée Arabella se lança dans le récit d’une amie de primaire française perdue de vue depuis, dont les leçons de français lui parurent comme un mélange de torture et de fous rire. Dans les faits personne ne parlait trois langues en Amérique, encore moins l’arabe égyptien. Pour le français il y avait toujours la Nouvelle-Orléans et quelques quartiers çà et là où la langue de Molière était mise à l’avant, mais sans plus. La discussion dériva ensuite sur le Quidditch, redoublant l’enthousiasme d’Arabella sur le sujet.

 

 

"Je t’expliquerai, tu verras tu te rappelleras bien vite des notions de bases, mais n’en parle pas devant papa, il ne sait pas s’arrêter."

Le rire de la jeune fille résonna tandis qu’adossé contre son mur, Andrew fronçait des sourcils. Pourquoi mentait-elle ? Sûrement pour éviter de prendre trop de place, de se mettre à l’avant de la scène. Elei connaissait beaucoup de choses sur beaucoup de choses, mais elle n’aimait pas étaler son savoir, elle préférait informer au besoin, toujours trop modeste. À cet instant il eut envie de la joindre, mais le verre proposé par sa mère le cloua à la tapisserie. Il se mit à paniquer. Andrew s’imaginait toujours le pire en situation de crise. Un ange passa, et il s’étonna d’entendre Elei lui paraître si naturelle dans son refus d’alcool. Il s’en voulut aussi, piqué par une pointe de culpabilité, d’être la raison de son mensonge.

"Peut-être aurons-nous la chance de goûter l’une de tes spécialités."

Edwina offrait des politesses, mais était intérieurement concernée des allées et venues de son fils chez l’employeuse moldue de leur invité. Dans quoi ce gamin s’était-il encore fourré ? Elle savait qu’il ne lui disait pas tout, malgré tout son cœur de mère sentait le roussi. Quelque chose clochait dans cette histoire, mais c’était Noël, alors elle essaya de ne pas y penser et de continuer à sourire. Andrew choisit ce moment pour réapparaître dans l’encadrement.

"Arrêtez de parler dans mon dos, maintenant !"

Au tac-o-tac Arabella lui rétorqua qu’il n’était pas le centre du monde, ce qui fit rire le principal concerné venant prendre place sur un tabouret près de l’îlot de cuisine.

"Eleiakin, Eleiakin ! Va t’asseoir à côté de lui."

"Elle peut s’asseoir où elle veut, tu sais."

"Ne sois pas rabat-joie et tais-toi, toi ! Vas-y, Eleiakin."

Levant les yeux au ciel Andrew lâcha un faux soupir tandis qu’à l’étage, un crépitement se fit entendre, précédé d’un boucan ressemblant au bruit de plusieurs objets s’échappant par terre.

"Bonté divine, qu’a-t-il encore ramené ? Les enfants je vous confie la cuisine un moment."

Retirant son tablier Edwina sortit de la pièce retrouver son mari dont les retours remarqués paraissaient chose courante.

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14 juillet 2016

Dame de maison.

Source: Externe

Eleiakin se concentre sur la dinde, le dépose là où on lui indique pour qu’il refroidisse, passant une peu de sauce dessus régulièrement pour ne pas que la viande s’assèche. Elle est pensive, un peu ailleurs, tente de tenir son rôle, celui qu’elle s’est donnée. La belle fille parfaite. Elle se met un peu la pression, essaie de se persuader qu’elle plaira, après tout, elle s’est invité sans prévenir dans leur fête de Noël, fête familiale par excellence. Famille dont elle ne fait pas partie. D’ailleurs, elle cherche un peu Andrew du regard. Pour sa présence rassurante, protectrice dans ce monde qu’elle ne connait pas, sa famille, dans cet univers qu’elle a oublié, celui des sorciers. Peut-être lui en veut-il, parce qu’elle a parlé à cœur ouverts d’un moment de sa vie qu’il aurait préféré taire. Mais Arabella revient avec ses questions multiples, si bien qu’à un moment, Elei a l’impression de subir un interrogatoire en règle. Après tout, ce n’est pas faux, les McAllen ne savent rien d’elle, c’est normal qu’ils s’inquiètent. Elle n’a même pas donné de nom de famille, quoi  qu’avec un prénom pareil, elle est facile à trouver. Alors, Elei tente de renseigner, dans la mesure du possible tout en taisant les informations qui en dévoilerait trop sur son passé, son identité. Les langues donc.

« Je parle l’anglais, le français et l’arabe égyptien. Je suis en mesure de m’exprimer dans d’autres langues, mais moins bien que dans ces trois-là. Ce n’est pas beaucoup en fait. Mais je ne suis pas capable de plus. »

Elei, alias je suis très forte pour me déprécié, est dans la place. Elle a tait l’afrikaners, trop connoté. Elle n’a pas non plus donné les langues dont elle maitrise les rudiments pour ne pas se mettre trop en avant. Elle préfère rire avec Arabella des remarques sur son frère ou la féliciter de ses performances en Quiddich en ajoutant un petit ….

« Je vais faire tâche, je ne m’y connais pas beaucoup en Quiddich. »

Mensonge pieu de l’ancienne batteuse mais elle veut donner une occasion à Arabella de mettre en avant sa science et de se sentir plus savante face à cet être insipide qu’est l’amie de son frère. Par réflexe, Elei porte une main à son ventre, le protège, le rassure. Sa tenue est suffisamment ample pour cacher son petit ventre qui est déjà là. Calme-toi, on va bientôt manger, surement. La jeune fille note. Fille joueuse probablement futur pro. Papa entraineur de Quiddich. Et Maman infirmière. Elei prend sur elle tout son désamour avec le corps médical pour offrir un éternel sourire. Un arrêt. La question sur l’alcool et le lait de poule. Elei réfléchi tout en se rasseyant. Si elle refuse sans raison, ce sera mal vu. Si elle refuse en disant qu’elle n’aime pas, ce qui est le cas, elle sera vue comme une gamine capricieuse. Si elle ne boit pas, comme une gaspilleuse. Et si elle donne son excuse du siècle, Andrew fait une crise cardiaque et son âme prend la première poudre de cheminette qu’il trouve pour une ile déserte du Pacifique. Autant prendre sur elle .

« Je suis désolée, Edwina, je ne bois pas d’alcool. Comme je suis gouvernante, j’ai plus l’habitude de servir et de cuisiner pour autrui que de boire et de manger ma propre cuisine. Je ne cuisine pas très bien au demeurant mais cela convient à mon employeuse moldus. Elle dit apprécié mes sauces , ma pâtisseries et mes plats froid mais je crois qu’elle dit ça par pure gentillesse . Elle est très bonne avec moi, déjà pour accepter Andrew en ses murs quand il vient et qu’il reste, à condition qu’il se fasse petit et qu’il aide un peu . »

 

12 juillet 2016

Glass of Reality

glass

Elle est douée, c’est ce que pensa Arabella qui ne savait pas cuisiner grand-chose au-delà des pâtes et du homard, parce que grandir au Maine implique tout de même de savoir décortiquer et cuire les crustacés qu’on y pêche. Les langues en revanche, elle ne valait guère mieux que son frère à ce niveau. L’anglais servait à se débrouiller partout dans le monde puisque le monde entier l’apprenait. Quant aux dialectes magiques, elle n’en voyait pas l’intérêt, alors perdre complètement un accent, elle trouvait l’exploit remarquable, et devait avouer tenir trop au sien en tant qu’identité pour accepter de le sacrifier.

"Quelles langues sais-tu parler ?"

Le sujet ne l’intéressait pas moins, ne serait-ce que pour mieux connaître le nouvel oiseau. Les copines d’Andrew avaient toujours été spéciales. Chaque sœur pourrait en dire autant, mais celles de son frère avaient toutes une aura de tristesse dans leurs bonnes manières. Se montrer présentable pour avoir l’air de, cacher le heurt intérieur. Il n’y avait eu que la première à être d’une banalité effarante. Paradoxalement c’était celle qui avait le plus marqué son idiot de frère, mais les morts ont de don de poser une marque au fer rouge sur les vivants. Edwina quant à elle écoutait, patiente, attentive et intéressée. Un peu troublée aussi, d’apprendre les troubles de mémoire d’une si jeune femme. Déformation professionnelle, mais pas que. Il ne s’agissait pas d’une patiente, mais d’une invitée sous son toit, amie de son fils. À la compassion de son regard se mêla un heureux amusement, contente de l’optimisme d’Eleiakin, mais aussi de voir qu’elle s’entendait bien Andrew dont le comportement aventureux – voire des mains baladeuses – fit éclater de rire Arabella.

"J’aurais adoré voir ça, il n’a jamais su aborder les filles !"

De l’autre côté de la pièce le sujet de la conversation s’arrêta net avant d’entrer, dos au mur qui le dissimulait. Il ne pensait pas que les deux images de lui se confronteraient ce soir, misant plus vite sur le récit d’un souvenir gênant d’enfance ou de la vie en Irlande. Sa vie de Plume n’avait pas traversé l’Atlantique. D’abord parce qu’on ne raconte pas ce genre d’histoire à sa mère ou sa petite sœur, ensuite parce que cette identité-là avait vu le jour en Irlande. Ramener un tel masque, un tel changement à a maison, à quoi bon ? Il n’avait pas de quoi être fier de beaucoup de choses commises en tant que Plume, et le doré de la médaille, il préférait l’agiter aux yeux de ceux qui ne l’avaient pas connu avant ses seize ans. C’était égoïste et sans doute un peu hypocrite, mais il ne s’était jamais vanté d’être un exemple. Inversement il ne parlait pas de sa famille à ces gens-là, ou alors en grandes lignes. Il espérait que sa mère ne le prendrait pas mal, ce n’était pas contre elle. Il aurait aimé voir son expression en entendant les mots d’Elei, mais pas tant, autrement il aurait mis le pied dans la pièce où Arabella confirmait avec enthousiasme le sens de déduction de leur invitée.

"En plein dans le mille. J’ai commencé comme Gardienne, mais maintenant j’occupe un poste de Poursuiveuse. C’est ce que j’ai toujours voulu faire, je postule l’an prochain pour entrer dans une équipe pro. Notre père était joueur, il fait de l’entraînement maintenant."

"Et il a intérêt à aller entraîner aux enfants avant que son genou ne se dégrade davantage."

Le rire d’Arabella retentit à nouveau, amusée de l’entêtement de son passionné de père. Reprenant le fil de la conversation, Edwina poursuivit.

"Je suis infirmière, et heureusement, avec tous les casse-cous de cette famille. Et toi Eleiakin, as-tu terminé tes études ? Merci pour la dinde, laissons-là refroidir, Isaac ne rentrera pas tout de suite. Allons nous asseoir. Tu n’as pas touché au lait du poule, préfèrerais-tu du vin ?"

16 novembre 2015

Cuisine de l'Oubli

Source: Externe

Soupir de soulagement lorsqu’on lui ouvre les portes de la cuisine sans hésitation. Un lieu qui lui est familier, dans lequel elle peut se débrouiller sans faire de bêtises. Un lieu où elle peut cacher sa mauvaise gestion … ou plutôt sa non gestion de magie sous couvert de mieux cuisiner sans aide de sort, parce qu’il y a deux écoles. La timidité est oubliée et Elei s’empresse de nouer autour de sa taille, avec un soin tout particulier, un tablier-torchon pour se protéger. Elle retrousse ses manches, rejette les boucles d’oreilles en plume en arrière, à défaut de cheveux longs. Elle a observé, elle a écouté. Dans un silence. Elle a entendu Arabella lui parler d’anecdote, elle a hoché la tête en affirmation lorsque cette dernière lui a demandé si elle connaissait Alex. Sans donner plus d’information. Parce que la Sud-Africaine n’a  pas encore vraiment décidé ce qu’elle pouvait dire sur elle, maintenant, quand. Son passé a toujours été et est encore un sujet de fait assez sensible. Elle a préféré s’attarder sur les photos de familles, les photos d’enfants. C’est un univers qu’elle ne connait pas, on prend rarement de photographie chez les Dreamtrues, parce que d’abord, à part son père et elle, il n’y aurait que des vagues tombes au cimetière. Pas mieux avec les Van Schloek et l’hécatombe fraternelle de Saskia. Cinq frères, cinq morts. C’est ce qui a fait penser à Elei que ni Neeltje, ni Thijs n’ont pris trop à cœur son décès à elle. Un de plus, un de moins.  Egoïsme. Les photos encadrées et affichées sont l’apanage des morts. Celles des vivants sont mises en vrac dans des cahiers ou oubliées. Elei a laissé toute ses photographies dans sa malle, lorsqu’elle a fui. Elle n’a rien emporté. Ni de son ancienne vie première vie, ni de la seconde. Et puis les photos ne montrent pas toujours la vérité. Toutes les familles heureuses le sont de la même manière. Toutes les familles malheureuses le sont à leur manière. On ne montre pas les malheurs, on ne les affiche pas de manière ostentatoire. Il faut balayer les photos, chercher les craquelures de la peinture à l’huile. Sa famille à elle n’a rien d’un exemple, elle n’a pas le droit au jugement.

La voilà fin prête alors elle ouvre le four, s’accroupis et  tâte l’animal à l’aide d’une spatule. Pas d’objet piquant de peur d’abimer la peau et de lui faire perdre sa saveur. Son verdict est sans appel, tandis qu’elle attrape en tâtonnant une paire de manique pour sortir la volaille du four et enfourner la suite. Elle ajuste le four, éloigne la volaille pour la mettre au repos et répond  enfin.

« J’ai étudié les langues donc je m’efforce à ne pas avoir d’accent ou plus exactement à avoir un accent britannique. Je viens du Sud. »

Sud, sud de quoi ? Hémisphère, Etats Unis, Grande Bretagne, Irlande, Malte ou tout autre pays anglophones ? Plus loin. Evasive. Evasive, elle l’est encore, sur le lieu, le moment. Elle semble réfléchir.

« Ma mémoire est défaillante cependant … notre rencontre … Elle ne s’est pas bien passée en premier lieu. Il a dû vouloir faire le joli cœur, laissé trainer ses pattes là où il ne fallait pas et j’ai dû me défendre à coup de crêpière. »

Défaillante, le mot est faible mais ça, les McAllen, excepté Andrew, ne le savent pas encore. Amnésique sur ses trois premières années à Swyn et donc leur rencontre, serait plus juste. Elle a déjà oublié le lait de poule, seul la cuisine compte. La cuisine et...

« Andrew … ne m’a pas beaucoup parlé de vous … Du coup, je ne sais absolument dans quoi vous travaillez Edwina ni même quels études fait Arabella ? Quelque chose en rapport avec le Quiddich, tu m’as l’air de bien t’y connaitre ? »

15 novembre 2015

American Dream

eggnogDes excuses ? Voilà qui était nouveau. Les rares fois où Andrew en présentait les mots paraissaient toujours lointains, comme si quelqu’un d’autre les lui imposait. Sans doute aurait-il préféré se battre contre un troll plutôt que de passer à travers des moments de ce genre, et si Arabella n’y accordait que peu d’importance, on n’amadouait pas aussi facilement une mère de famille. Loin de considérer Eleiakin comme la raison de la disparition de son fils elle se gardait une certaine réserve à son égard. Ainsi elle offrit un sourire à la jeune femme, acquiesça et s’apprêta à rebrousser chemin vers la cuisine pour aller chercher le lait de poule quand les propos de leur invitée l’arrêta dans son élan. Rapidement elle échangea un regard avec sa fille, puis hocha la tête.

"Quel genre de mère je serais si je devais en vouloir à mon propre fils d’avoir aidé quelqu’un à qui il tient ?"

La question était bien sûr rhétorique.

"J’accepte volontiers son aide pour la cuisine. Tu sais comment vérifier la cuisson d’une dinde ? Si elle est prête, j’ai des pâtes à mettre au four."

Sur ces mots Edwina retourna à ses fourneaux tandis qu’Arabella se pencha pour murmurer d’un ton complice à Eleiakin.

"T’as l’air de bien connaître mon idiot de frère, toi."

Un rire léger s’échappa de ses lèvres alors qu’elle se mit à marcher à reculons vers la cuisine pour mieux regarder le nouveau phénomène pendant qu’à l’étage, Andrew revenait vers les escaliers, inconscient qu’au rez-de-chaussée, sa sœur montrait du doigt à Elei l’une des photos accrochées au mur du couloir.

"Regarde c’est lui là, à côté d’Alex. Tu connais Alex aussi ? Ils venaient de remporter la coupe inter-école de Quidditch. C’était sa première année à Salem, il venait d’avoir douze ans. Les gars lui ont renversé un baril de bière-au-beurre sur la tête, mais cette photo-là il n’a pas voulu qu’on l’accroche, bizarrement."

Un sourire espiègle aux lèvres Arabella passa à la cuisine en laissant à Eleiakin le loisir de regarder les autres photos de famille, du mariage des parents aux clichés d’enfants à différents moments clés de leur vie. Jusqu’à ce que la voix d’Edwina près du frigo s’élève à son attention.

"Mais dis-moi Eleiakin, d’où viens-tu ? Je ne suis pas une spécialiste, mais tu n’as ni l’accent américain, ni celui d’Irlande."

Son verre de lait de poule en main, Arabella renchérit à la suite de sa mère.

"C’est vrai ça ! Comment vous vous êtes connus ? Raconte-nous avant qu’il ne revienne et fasse son timide."

Une odeur de pâte feuilletée se mêlait à celle des pommes de terre dans la pièce décorée de rouge et d’or, du poinsettia posé sur le comptoir aux cloches suspendues dans l’air au-dessus de l’îlot de travail. Difficile de croire qu’Andrew avait pu vouloir quitter une famille aussi soudée pour les confins d’une université magique outre mer.

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8 novembre 2015

Premier pas .

Source: Externe

Son caprice d'une heure s'était finalement transformé en trois jours de sursis durant lesquels Elei s'était attaché à préparer leur départ. Ils avaient attendu l'arrivée de la famille de Madame Sagedieu pour s'éclipser. Sans compter que le « secret » concernant qui ils allaient voir n'avait pas tenue les assauts de questions de Madame, qui, malgré son état, s'avérait toujours aussi perspicace. Le manque de confiance en elle d'Elei s'était cependant fait plus flagrant, la simple idée de rencontrer ceux qu'elle pouvait, au vu des événements, décemment appeler « beaux-parents ». Et puis, il y avait « ça », qui n'avait pas encore de nom et qui s'était amusé à arrondir légèrement son ventre durant les semaines précédentes. Encore suffisamment invisible pour taire la nouvelle, d'autant plus que les nausées avaient fini par s'estomper ; C'était donc presque sans importance et il n'y avait qu'eux pour le savoir. Madame Sagedieu n'avait pas été avare de conseils pour rassurer Elei, elle s'était même prise au jeu, l'aidant à choisir sa tenue, son « armure » comme elle disait. Le choix s'était porté sur une robe violette qu'Elei mettait somme toute assez peu d'habitude. On y avait adjoint un gilet, au cas où, une paire de bottines à talon et des collants opaques ainsi que des boucles d'oreille fantaisies pendantes C'est ainsi qu'elle s'était habillée, le matin de leur départ, maquillant légèrement ses yeux, soulignant leur aspect dépareillé. Elle avait aussi réorganisé ses cheveux, ils avaient un peu poussé, dans un carré plongeant très court à l'arrière et gagnant en longueur sur l'avant, ondulant de manière élégante. Elle avait vérifié une dernière fois le contenu de leur sac, veillant à ne rien oublier. Elle s'était finalement résignée à laisser Pao le temps de leur voyage, parce que ça serait plus simple.


Ils attendirent le départ de la famille Sagedieu pour un petit tour en ville avant le réveillon pour s'éclipser à leur tour, à l'aide de poudre de cheminette. Elei avait appréhendé ce moment jusque dans son sommeil, ce qui valut à Andrew un agrippement soudain à son torse en plein milieu de la nuit. Le voyage se passa sans accroc, ni même de problème, elle s'en étonne presque alors qu'ils étaient arrivés dans la maison familiale du Maine. La surprise amène sa bouche à se placer en forme de « o », agrippant le bras de son ami, observant l'endroit. Elle n'a même pas le temps de dire ouf que déjà quelqu'un vient, une jeune femme qui l'étreint tandis qu'elle reste les bras écartés complétement paniquée, cherchant du secours du regard, ne comprenant pas trop ce qui se passait. Elle n'était déjà pas bien tactile de base, alors, comme ça, sans préambule avait de quoi la surprendre. Elle ne peut esquisser qu'un petit « bonjour » murmuré comme réponse alors que déjà Madame Mac Allen entre en scène. Elle la salue, salutation à laquelle Elei répond naturellement par un léger penchement de son buste, perdue.


« Bon ... Bonjour, je suis ... désolée de m'être imposée de la sorte à la dernière minute »


Trop de nouveauté, peur apaisée quand elle sent le regard d'Andrew sur elle, un regard protecteur. Elle reprend confiance peu à peu. Cela fait bien longtemps qu'on ne l'a pas appelée par son prénom véritable et c'est presque agréable. Beaucoup moins raide, elle le regarde s'éloigner avant de répondre.

« Un lait de poule sera ... Parfait. Avez-vous besoin d'aide pour préparer ? Je sais que ça ne se fait pas d'habitude mais je serais ravie de vous donner un coup de main. Et puis, je dois me faire pardonner, c'est de ma faute s'il a disparu de la sorte pendant tout ce temps. Je ne pensais pas l'attirer dans mes problèmes mais ... vous savez comment il est, il fait exactement le contraire de ce qu'on lui dit. J'espère que vous ne nous en tiendrez pas rigueur. »

8 novembre 2015

The Golden Boy Is Back

47524-Christmas-Tree-By-The-FireIl s’était décidé quelques jours avant Noël, repoussant le moment fatidique de la conversation avec ses parents aussi longtemps que possible. Pour lui laisser de l’intimité Elei avait insisté pour s’absenter, ce qui l’énerva assez sur le moment. Bien sûr elle avait une liste d’achats longue comme le bras en argument béton, avec dans le lot des médicaments à récupérer pour la Sagedieu. Aucune place pour la moindre argumentation, en somme. Il l’avait laissé filé à contrecœur et s’était approché de la cheminé avec l’ombre de son baiser sur la joue. L’incantation lancée les braises se mirent à remuer et quelques secondes à peine s’écoulèrent avant que le visage de sa sœur n’apparaisse dans l’âtre. Il avait eu de la chance, ce qui n’empêcha pas la discussion d’être pénible. Il lui fallut expliquer sa disparition, qui ne fut pas une mince affaire à régler, surtout pas devant le soupir désapprobateur de sa mère sur son manque de responsabilités. Elle s’était montrée des plus compréhensives au cours des dernières années, mais être sans nouvelles y mit un frein cette fois-ci.

"Cette Eleiakin est plus qu’une simple amie, n’est-ce pas ?"

Il entendait clairement le reproche dans ces mots, parce que bien sûr il avait omis de les prévenir de sa rupture avec Thèdes. Avare en explications il se contenta du strict minimum accueilli d’un soupir résigné de la part de sa mère. Évidemment on recevrait Eleiakin à bras ouverts, sans doute plus ouvertement que lui, même.

Taisant l’autre nouvelle il résuma les grandes lignes à Elei à son retour, et trois jours plus tard ils prirent chacun une poignée de poudre de cheminette direction le Maine. Pour le réveillon il mit un pantalon gris surmonté d’une chemise noire avec une cravate à motifs. Le bruit de leur arrivé tira aussitôt Arabella du livre qu’elle lisait en diagonal en les attendant. La jeune fille bondit du canapé dans une robe aussi bleue que ses yeux et offrit une chaleureuse étreinte à Eleiakin avant de lui prendre les mains pour mieux l’examiner.

"Bonsoir, bienvenue ! Je suis ravie de faire ta connaissance."

Un large sourire au visage elle recula comme pour bien paraître, et donna un coup de poing affectueux sur l’épaule de son frère.

"Pour m’avoir laissé des mois sans un signe de vie, et attend, tu n’as pas vu ton cadeau, tu vas râler."

Pour toute réponse Andrew leva les yeux au ciel avant de faire les présentations comme Edwina McAllen se joignit à eux en délaissant un instant les fourneaux de sa cuisine comme l’indiquait le tablier qu’elle avait autour de la taille. D’un caractère plus posé que ses deux enfants elle s’approcha avec douceur de leur invitée.

"Je suis heureuse de te compter parmi nous ce soir, Eleiakin. Prendrais-tu quelque chose à boire ? Un verre de lait de poule peut-être ?"

Au moins on ne lui proposait pas d’alcool, c’était toujours ça de pris, et de moins à refuser. Il se sentait bien l’envie de prendre un verre lui, lorgnant sur le verre de vin de sa sœur sur la table basse, mais on ne le laissa pas y songer plus longtemps. Visiblement toujours en colère malgré son rôle d’hôtesse impeccable sa mère lui envoyant porter ses bagages à l’étage. Ce qu’il fit après avoir adressé un clin d’œil rassurant à Elei. Elle était jolie dans sa robe violette, il laissa son regard s’attarder sur elle en sortant du salon et alla rejoindre sa chambre où il déposa leurs affaires. Tout était toujours agencé comme il l’avait laissé, la poussière accumulée en moins. Quelque part ça lui faisait plaisir de savoir qu’on entretint sa chambre malgré sa disparition. Ouvrant un sac il sortir les quelques paquets, dont certains achetés en commun avec Elei qui les avait tous soigneusement emballés, sauf le sien, avec le ruban un peu de travers.

23 février 2015

Nevermind ...

 

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Perdue. Elle ne savait plus quoi faire ni penser de lui. Ce que faisait un américain en Irlande. En même temps, le nombre d’université sorcière restait suffisamment limité et SWYN comptait assez peu, au final, d’étudiant irlandais et même originaire de Grande Bretagne. Lei avait compté d’ailleurs un nombre assez important de français, de russes et d’allemand parmi la population d’étudiant non anglophone de base. Et puis, elle pouvait lui retourner la question. Que pouvait bien faire une sud-africaine à l’exact opposé de chez elle. Certes , pour un européen ou même un américain lambda , ce n’était pas évident de la considérer originaire d’Afrique parce que ne répondant pas aux stéréotypes qu’on pouvait espérer du personnage , il n’empêchait qu’elle était bien née à Stellenbosch , dans la banlieue de Cape Town , connue pour ses paysages pittoresques , pour son université , siège de l’équipe nationale de rugby, son vignoble mais aussi sa petite communauté sorcière, dans cette seconde ville la plus ancienne d’Afrique du Sud. Elle est aussi connue pour son passé moins glorieux de ville de l’apartheid. Alors Elei l’écoute, tente de conserver un masque d’impassibilité mais ses propos à lui la blessent. Jusqu’à ce qu’une goutte fasse déborder le vase. Son sang ne fait qu’un tour quand il lui parle d’une potion d’oubli. Certes, c’est elle qui a lancé l’idée. Mais pas pour qu’il l’utilise de son plein grès. Brusquement, elle se redresse et lui retourne une gifle monumentale, cinglante. Elle y a mis toutes ses forces, toute sa colère. Les larmes taraudent ses amandes bleues qui reprennent par instant leur couleur d’origine, dans un mystérieux mélange de couleur.

« Est-ce que … tu sais ce que ça fait de se réveiller un matin sans plus aucun souvenir plus vieux de deux ans  … Le regard faussement compatissant des médicomage … Le regard complétement coupable et paniqué de tes parents … Quand tu t’aperçois que ton corps , pourtant bien entretenue par des années de quiddich se relève n’être plus qu’un squelette ambulant que tu ne contrôle presque pas … La tête de tes proches quand tu es persuadé être encore 2 ans en arrière … Et tu vois, même quatre ans après … oui parce que ça fait quatre ans Andrew , ça je m’en souviens , je suis tout bonnement incapable de reconstituer deux ans de ma vie … Est-ce que tu as la moindre idée des conséquences … Tu savais que lors de l’enquête sur l’Ouroboros , je suis passée un moment du statut de victime à celui de suspect , parce que je ne me souvenais pas de l’attaque …. Que j’ai appris par paquet la mort des gens qui m’étaient plus ou moins proches. Je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne le saurais probablement jamais … Et tu sais, ce qui est le pire ? C’est quand les gens jouent avec ta mémoire. Pour eux, c’est une simple plaisanterie sans conséquence. Pour moi, c’était une véritable torture. »

Elle se redresse, laissant son plat toujours complet. Maladroitement, elle fouille dans son porte-monnaie, laissant trente euros, ce qui paierait largement leurs deux plats et l’hypothétique dessert qu’Andrew prendrait.

« Ne parle … plus jamais … d’oubli consenti et total devant moi. Plus jamais. »

 Elle rassemble ses affaires, le laissant en plan, s’éloignant de la table sous le regard médusé des rares spectateurs

« Si tu dis à qui que ce soit où je suis, je me tue. Je te jures que je le fais » 

23 février 2015

The tale goes on and on...

tumblr_static_sidebar_1_Ouais, cow-boy, ça lui tentait bien. L’air frais lui ferait du bien, et il n’y avait rien de tel que le travail manuel pour se tenir en forme. Apprendre une nouvelle langue, en plus, c’était pas rien. La page se tournait déjà dans sa tête, il se sentait d’attaque à écrire de nouvelles aventures. À croire qu’il se pensait vraiment dans un western. L’appétit lui vint tout de suite, il mangea une première bouchée qu’il savoura comme on goûte à son premier vrai repas après des mois de vache maigre. La gorgée d’eau s’ensuivit, et il perdit aussitôt son sourire. Andrew, qu’elle disait. Il fronça des sourcils comme si elle venait de l’insulter, se préparant à encaisser le sermon. Bien sûr qu’elle allait refuser, comment aurait-il pu en être autrement ? Il reposa sa fourchette à côté de son assiette, mais l’écouta jusqu’au bout avant de joindre les mains et d’appuyer son regard plus fermement dans le sien.

"Tu t’es jamais demandée ce qu’un américain fichait en Irlande ?"

Tout le monde venait de partout, à Swyn, mais il existait une nette différence entre un billet de train et un billet d’avion. Il ne pensait pas raconter cette histoire un jour, encore moins à Elei, pourtant il préparait le terrain, encore incertain de ce qu’il laisserait filtrer comme information.

"Quand j’avais dix-huit ans, j’ai abandonné tout le monde. Mes parents m’ont laissé faire, ma sœur est restée derrière et Julia aussi, alors que cette fille était ma meilleure amie. Au cas où tu n’aies pas remarqué encore, je suis quelqu’un d’égoïste. Je prends mes décisions sans demander l’avis de personne, j’en ai pas besoin, c’est ma vie, pas la leur. Alex m’a suivi à l’époque, comme moi je te suis aujourd’hui, parce que c’est la merde, et qu’il faut disparaître. Je sais ce que ça veut dire, c’est pas la première fois que je mets les voiles, ça ne surprendra personne."

En gros, il était un lâche, et il le savait, ça ne datait pas d’hier.

"Tu me parles d’argent, mais t’as peur de quoi, au juste ? Que ça marche ? Que je reste ? La potion d’oubli, je l’ai déjà faite, j’ai juste pas eu le cran de la boire parce que… Il y a des choses que j’peux juste pas oublier. Tout comme toi, j’ai pas pu te laisser disparaître. Pas toute seule, et pas sans moi. Tu vois, encore ma pomme. Je suis pas quelqu’un de bien, Elei, je sais juste faire des trucs bien de temps en temps."

Ça lui coulait dans les veines, il n’y pouvait rien. Le temps avait beau passer, il enchaînait les mauvais choix, prenait la mauvaise direction alors que le chemin était là, tout tracé devant lui, sans la moindre embûche. Mais non, il fallait qu’il passe par le détour accidenté et s’y perde. S’il devait être un prince de conte de fées, il serait le genre à traverser vents et marées pour sauver la princesse, pour aussitôt repartir après lui avoir donné le pseudo baiser de l’amour, parce que soyons sérieux deux minutes, la vraie fille à sauver dans l’histoire, c’était la sorcière dans sa maison par-delà la forêt de ronce peuplée de mille dangers. Et admettant qu’il sauve la sorcière, elle se transformerait en jolie jeune femme une fois le sort brisé, et il en tomberait amoureux, ce qui le ramènerait à la tour de la première fille pour lui annoncer la nouvelle. Sauf qu’il en rencontrerait une autre sur sa route, celle-ci maudite par un maléfice la condamnant à se transformer en jument la journée, et en délicieuse promise la nuit. Un récit sans fin où il passerait d’une vie à l’autre sans jamais jeter l’ancre quelque part.

"Alors si tu veux me faire confiance, c’est le moment."

Elle avait besoin de lui, et lui d’elle. Tous les deux ressortiraient gagnant en bout de ligne, et Merlin seul savait dans quoi ils s’embarquaient.

23 février 2015

True Reality

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Le regard sur elle, sur eux, la fit se figer et rentrer la tête dans ses épaules. Non décidément, elle n’aimait pas être remarquée, surtout pas par des inconnus, surtout pas dans un de ses actes de pseudo-violence où elle tentait de s’imposer. En s’imposant, elle redevenait une source d’intérêt et donc de discorde potentiel. C’était bien pour se protéger de cela qu’elle était devenue au fil du temps un elfe de maison en devenir. C’était une raison bel et bien égoïste mais elle l’assumait complétement et parfaitement. Ne pas se faire remarquer, c’est aussi faire partie des meubles. Mais aussi faire en sorte que personne ne prenne partie pour elle parce que tout simplement, il n’y en a pas besoin puisqu’il n’y a personne pour faire d’elle un objet de discorde ou un accord de la discorde mentionnée plus tôt. Logique imparable. Mais parfaitement idéaliste. Mais imparable. Alors Niel qui lui proposait de refaire le portrait à celui qui la traiterait de tare … D’accord mais puisque c’est moi qui dis que je suis une tare, c’est donc moi que tu dois frapper et ce n’est surement pas le but de la manœuvre. Cette phrase avait assombri son esprit. Les tentatives d’Andrew pour sa prononciation du français l’éclairèrent presque aussi vite et même si elle s’était promis, en mémoire de son dur apprentissage de l’arabe égyptien et du français sur le tas, de ne jamais se moquer de gens qui tentait de prononcer des mots dans une langue étrangère, là, ça portait vraiment à la dérision. Elle cache son sourire derrière sa main, pudique.

Elle n’ose pas attaquer, par politesse sa salade, attendant poliment les mains sur les cuisses, comme l’indiquait les bonnes manières anglaise, a contrario des françaises. Elle attend que Niel commence pour commencer, qu’il donne un signal, un top départ. Elle qui mangeait déjà peu, cette histoire lui avait un peu noué l’appétit, se rappeler que la personne qui tenait les clés de son stratagème et de sa disparition pouvait devenir aussi bavarde qu’un rossignol milanais face à un joli garçon et une bonne bouteille d’alcool. C’était officiel, si Matt utilisait le même stratagème qu’Andrew, le plan de disparition A était définitivement fichu et elle allait devoir penser à un plan B, plus radical pour continuer sa fuite en avant. Elei repasse une main sur la table pour les servir en eau mais Andrew prends sa main, la pose plus exactement sur la sienne. Disparaitre ? A deux ? Le regard bleu de Neiv se teinte d’inquiétude. Elle cherche à comprendre, elle ne veut pas, au grand jamais qu’il fasse ça pour elle. Pourquoi Andrew McAllen éprouverait le besoin de disparaitre au profit de Niel Turner ?  Le voilà qui se met à construire des châteaux en Espagne, des projets qui lui semble à elle complétement délirant. Mais va-t-il conscience que ce qu’est disparaitre vraiment. Elei déglutit, inspire. Dans sa bouche à lui, tout semble si facile. Et pourtant …

« Andrew …. Est-ce que tu es conscient ce qu’est disparaitre. Tu ne reverras plus jamais Thèdes … ni ta mère … tes grands parents … ta petite sœur … tes amis … ta famille. Je ne sais pas pourquoi tu veux fuir ni ce que tu veux fuir mais … par exemple … tu connais les liens qui m’unissaient à mes grands-parents maternels …. Si jamais il leur arrive quelque chose, je ne serais jamais au courant et même je ne pourrais rien faire. Tu ne pourras pas réapparaitre de manière providentielle .Je ne veux pas que tu te sacrifie pour moi, tu comprends ? Si je ne te faisais pas autant … confiance, je t’aurais fait une potion d’oubli ou tenter de te jeter une « oubliette »  pour que plus jamais tu ne reviennes. Et puis … disparaitre, c’est abandonner sa baguette. Et un ranch, Andrew, ici. Tu te représentes le travail que ça amène, surtout seul ? Ni l’argent que tu devras investir … Je t’en supplie … Pourquoi tu veux partir ? »

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